Massage et littérature érotique

Si votre trip à vous, c’est la poésie, lors de votre prochaine séance de massage érotique, n’hésitez pas une seconde à remplacer le fond musical par la déclame de quelques vers érotique. La littérature française en regorge…

Tenez, prenez par exemple Joachim Du Bellay, grand amoureux devant l’éternel, et ne vous limitez surtout pas au titre du poème…

Baiser, Joachim Du Bellay

Quand ton col de couleur rose
Se donne à mon embrassement
Et ton oeil languit doucement
D’une paupière à demi close,

Mon âme se fond du désir
Dont elle est ardemment pleine
Et ne peut souffrir à grand’peine
La force d’un si grand plaisir.

Puis, quand s’approche de la tienne
Ma lèvre, et que si près je suis
Que la fleur recueillir je puis
De ton haleine ambroisienne,

Quand le soupir de ces odeurs
Où nos deux langues qui se jouent
Moitement folâtrent et nouent,
Eventent mes douces ardeurs,

Il me semble être assis à table
Avec les dieux, tant je suis heureux,
Et boire à longs traits savoureux
Leur doux breuvage délectable.

Si le bien qui au plus grand bien
Est plus prochain, prendre on me laisse,
Pourquoi me permets-tu, maîtresse,
Qu’encore le plus grand soit mien?

As-tu peur que la jouissance
D’un si grand heur me fasse dieu?
Et que sans toi je vole au lieu
D’éternelle réjouissance?

Belle, n’aie peur de cela,
Partout où sera ta demeure,
Mon ciel, jusqu’à tant que je meure,
Et mon paradis sera là.

Et vous, vous écrivez ?

Il est toujours agréable de lire les grands poèmes des autres. Mais quoi de plus gratifiant que d’écrire ses propres lignes et de les déclamer à une personne chère ? Usez des mots comme de caresses et des rimes comme d’un massage. Tamisez votre voix comme on créerait une ambiance et laissez filer les vers… En toute modestie, en voici quelques uns dont vous pourrez peut-être vous inspirer…

D’abord, tout en me rapprochant,

Je te parlerais tout bas,

Conservant le suave de ma voix,

Pour ne pas effrayer tes tympans.

Les vibrations de mon organe

Initieraient la relation

De mon courage à tes frissons

Naissants à la base de ton crâne.

Le temps s’arrête…

Te sentant un peu déconcertée,

Je chercherais ton regard

Afin de bien te rassurer

Sur la suite de l’histoire.

Je ferais briller mes yeux

Et fixerais tes deux saphirs.

Bien sûr, tu soutiendrais le jeu.

Il y aurait ma voix et ton désir.

Le temps s’arrête…

Avec une infinie lenteur,

J’avancerais vers ton corps.

Avec une infinie douceur,

J’enlèverais le décor.

Et tandis que ma main

Effleurerait tes peaux,

De ton épaule à tes reins,

Tu répondrais en écho.

Le temps s’arrête…

Maintenant, c’est ma bouche qui frôle ton visage,

Comme à la découverte d’un nouveau paysage.

En passant par ta gorge, dans un sensuel massage,

Sur le coin de tes lèvres, j’arrête mon voyage.

Le temps s’accélère…

Et ma main caressante, le long de ton échine

Laissant glisser mes doigts jusque dans tes cheveux,

Et ce pendant que l’autre aborde ta poitrine,

Nos langues se rencontrent et fon naître le feu.

La fièvre monte à mesure que volent les tissus.

Un moment d’extase où nos corps ne font qu’un.

Qu’importe dans la lutte ; qui dessous, qui dessus,

L’étreinte succède à l’étreinte. Ton corps est le mien.

Des heures ou des secondes, le temps n’existe plus.

L’infini comme une onde dans la joie du moment.

Les gémissements s’échappent et tes mains sur mon cul,

L’apothéose est proche ; jouissons nous de l’instant.

Ta tête plonge vers l’arrière et dans un cri strident,

Ton échine se courbe et ta gorge s’offre à moi.

Toute résistance est vaine. Je décolle également.

Nous nous serrons encore et rions à pleines voix.

L’effort physique fut intense

A la mesure de la joie.

Nous contemplons le silence

Et je te prends dans mes bras.

Le temps s’arrête…

On recommence ?